Un an d’entrepreneuriat : ce que j’aurai aimé savoir avant de me lancer

Il y a tout juste un an, je me lançais à mon compte en tant que thérapeute. Depuis, ça n’a pas été un long fleuve tranquille, loin de là. Il y a eu des réussites et des déceptions, des attentes non comblées et beaucoup de croyances à déconstruire. Aujourd’hui, après avoir pris du recul, j’aimerai dresser un bilan de cette expérience.

J’aimerai préciser que j’ai longuement hésité à en parler, peut-être parce que je juge ce sujet trop intime ou trop ennuyeux, au premier abord. Mais, en en parlant avec plusieurs personnes, j’ai réalisé que je n’étais pas la seule à m’être lancée sans vraiment savoir dans quoi je m’embarquais et, surtout, à croire un peu trop ce que l’on entend, sur les réseaux sociaux ou autre.

Alors j’espère que ça pourra parler à certain.es d’entre vous, parce que c’est vraiment ce que j’aurai aimé lire un an plus tôt.

Le piège des réseaux sociaux : l’entrepreneuriat sur un piedestale

Sur les réseaux sociaux, on voit de partout des gens qui se lancent à leur compte et qui réussissent, dès les premiers mois, à engranger plusieurs milliers d’euros, en travaillant peu, sans patron, et en faisant ce qu’ils aiment (de ce qu’ils laissent paraitre, en tout cas). C’est sûr, ça fait rêver. En tout cas, ça m’a fait rêver.

Ça nous laisse croire, alors, que le salariat est une prison, quelque chose de mauvais que seuls ceux qui n’ont pas le courage et la force de lancer leurs propres projets s’infligent. Moi-même, j’ai longtemps été médisante envers ceux qui souhaitaient garder leur emploi salarié, alors qu’ils avaient d’autres talents à exploiter. Avec le recul, je comprends que c’était une terrible erreur de jugement, qui ne prenait strictement pas en compte les contextes de vie de chacun.

“Quand on veut, on peut”. C’est ce que je disais souvent, pour blâmer les personnes qui n’osaient pas se lancer. Je crois aujourd’hui que pour beaucoup, les choix sont très limités. Comment dire à une maman célibataire, avec 2 enfants, de quitter son emploi salarié, sécurisant, pour lancer son entreprise alors qu’on sait qu’il faut environ 2 ans pour arriver à se dégager un salaire correct en tant qu’entrepreneur? Je crois que la volonté n’a rien à voir là-dedans, et qu’il serait extrêmement prétentieux et médisant de dire le contraire.

Oui, certes, cette maman aurait le choix de démissionner. Mais c’est un choix très limité, avec des coûts élevés, lorsque l’on sait ce qu’avoir des enfants à sa charge signifie. Et ce n’est pas parce que certaines ont fait ce choix que celui-ci doit être le “bon” choix pour toutes. Chacun a ses propres paramètres de vie, ses propres finances, ses propres besoins et ses propres limites. Pour beaucoup, la stabilité financière est primordiale. Je sais que pour moi, à ce jour, elle l’est, en tout cas. Et ce n’est ni bien ni mal, ni transposable en tant que vérité générale comme modèle à suivre.

Alors je crois qu’il est bon de prendre du recul sur toutes ces nouvelles injonctions autour de l’entrepreneuriat. Je ne crois pas que ce soit LA solution que tout le monde doive suivre. Je suis par contre convaincue que certaines personnes sont faites pour, certaines non, et d’autres naviguent entre les deux. Aucun de ces modèles n’est meilleur que l’autres. Il n’y a que des modèles qui s’adaptent à chacun de nous, selon notre propre personnalité, nos propres envies et nos propres besoins.

Attention, loin de moi l’idée de renier en bloc l’entrepreneuriat. J’y ai consacré une année entière et j’ai plus qu’adoré l’expérience. J’y reviendrai peut-être, même certainement, un jour dans ma vie. Néanmoins, c’est vrai que j’aurai aimé savoir plusieurs choses, avant de me lancer. Ou plutôt, j’aurai aimé prendre au sérieux certaines choses que l’on me disait. Je n’y croyais pas vraiment.

Le mythe de la réussite instantanée : construire un business ça prend du temps

Je me rappelle me dire, comme on entend souvent sur les réseaux sociaux, “tant que je suis alignée et que j’ai la bonne intention, ça marchera, ça viendra à moi tout seul”. Ca a sûrement été vrai pour ces personnes, mais pas pour moi.

S’il y a bien une chose que j’ai retenu cette année, c’est que gagner l’attention et la confiance des gens prend du temps. Au début, lorsque je me suis lancée en tant qu’hypnothérapeute, je croyais (encore une fois) que les bons patients “viendraient à moi”, que “j’attirerais naturellement les patients avec la même énergie que moi ”. Je n’ai pas voulu croire ceux qui me disaient que c’était une réflexion bien trop simpliste. Alors je faisais peu d’effort, j’attendais que ça vienne. Et j’ai bien vu les résultats : pas de réservation.

Alors j’ai commencé à en parler autour de moi, sur mes réseaux sociaux, à aller voir des studio de yoga pour proposer des partenariats. Mais mon agenda n’était pas plein, loin de là. J’étais frustrée, je me disais que je faisais quelque chose de mal, que les gens n’étaient pas prêts pour l’hypnose. Je me cherchais des excuses. En réalité, ça n’avait rien à voir avec ça.

C’est seulement au bout de plusieurs mois que j’ai vu les résultats. Parce qu’avec le temps, les gens commençaient à me prendre au sérieux, à se dire que je m’y connaissais vraiment, que ce n’était pas un délire, une passade. Parce que j’ai commencé à bâtir une légitimité, une confiance, un intérêt. Et ça, ça ne vient pas en 2 semaines, quoi que l’on puisse dire.

Une métaphore simpliste me vient en tête, mais je crois que c’est la plus réelle. Dans la nature, les plantes prennent du temps à pousser. Avant d’avoir une tomate dans son jardin, il faut d’abord faire des semis pendant plusieurs mois chez soi, puis les planter aux beaux jours, mettre des piquets pour les soutenir, les arroser, les exposer au soleil et ensuite, seulement au bout de plusieurs mois, on peut espérer cueillir des tomates. C’est en me mettant au jardinage, que j’ai réellement compris que les choses prennent du temps à se mettre en place, d’une façon ou d’une autre.

De nature très impatiente, j’étais frustrée, je n’avais pas envie d’attendre 3 mois pour voir ma jolie plante en fleurs dans le jardin. Honnêtement, j’y ai été contrainte. La nature m’y a contrainte. Parce que ça ne peut pas être autrement. C’est impossible de planter ma graine dans la terre et de voir une plante en fleurs le lendemain matin. Quelle que soit l’intention qu’on y mette.

Et s’il y a des exemples de réussites (quasi) instantanées, je crois que ce sont surtout des histoires joliment racontées. Des histoires qui omettent une partie de la réalité, une partie du travail réalisé en amont, invisible peut-être, mais bien présente. Je m’explique. Si par exemple, une personne lance son entreprise et que ça cartonne très rapidement, je suis persuadée que c’est parce qu’elle avait déjà mis en place un certain nombre de choses depuis plusieurs mois voire plusieurs années. Elle a peut-être lancée d’autres entreprises, même minimes avant, et a donc acquis de l’expérience et des connaissances utiles pour sa nouvelle entreprise. C’est tout un travail de l’ombre, amené par les expériences de la vie, mais qui nous rend prêt.e pour le moment où ça fonctionnera pour de bon.

La communication est primordiale pour lancer son entreprise, quel que soit le fond

Ce que j’ai aussi appris, à mes dépens, c’est que la forme est (presque) aussi importante que le fond. On a beau véhiculer un message important qui nous tient à coeur, s’il n’est pas communiqué de la bonne façon, alors il ne serait probablement pas reçu et n’atteindra pas les personnes souhaitées. Là aussi, j’avais souvent entendu dire que “tant que le message est bon, aligné avec tes valeurs, alors il sera diffusé naturellement et parlera à ceux qui doivent l’entendre”. En partie, peut-être. Mais la (bonne) communication a une part significative là-dedans.

Personnellement, j’avais la croyance que le marketing était quelque chose de superflus, fait pour appâter les clients et les faire acheter notre produit presque de façon malhonnête. J’ai réalisé que ce n’était pas du tout le cas. Moi la première, je préfère acheter un yaourt avec un joli emballage, coloré, sur lequel je peux clairement voir les différentes obligations qu’il respecte (en matière de protection de l’environnement par exemple). Celui d’à-côté peut être tout aussi bien, mais si l’emballage est blanc avec tout écrit en noir en minuscule, j’aurai moins de chance de le choisir.

Pour vendre son service, c’est pareil. J’avais beau vendre de super séances d’hypnose, à un prix attractif et avec de nombreux “bonus”, mais je n’en parlais pas de la bonne façon. Ce n’était pas en faisant une story par semaine sur les détails d’une séance que j’allais avoir des clients, malgré le fait que je mette tout mon coeur dans mes séances. Petit à petit, j’ai compris qu’il fallait que je démontre ma légitimité, mes connaissances dans ce domaine, tout en donnant envie aux gens de lire mes posts et de regarder mes réels sur Instagram. Ça passe par exemple par des titres accrocheurs, de jolies couleurs, des images (et bien sûr, un contenu intéressant de qualité).

Ce n’est qu’un exemple, à mon échelle. Mais je trouvais important d’en parler, car c’est là aussi un sujet sur lequel il y a beaucoup de croyances qu’il faut, me semble-t-il, déconstruire.

Conclusion

C’est bien plus facile et motivant, je pense, de croire ceux qui nous disent que la réussite peut se faire en quelques jours, que les bonnes personnes viendront à nous naturellement et que tant que l’on agit à partir de notre coeur, alors on réussira à lancer notre entreprise. Je ne dis pas qu’une partie de ça n’est pas vraie. En revanche, je crois que c’est une vision qui peut laisser beaucoup de gens déçus et démunis lorsqu’ils se rendent compte de la réalité du terrain.

J’ai beaucoup parlé des points négatifs de l’entrepreneuriat, parce que je pense que c’est ce qui peut le plus vous intéresser et vous parler. Néanmoins, je tiens à souligner que j’ai aussi adoré cette expérience, durant laquelle j’ai beaucoup appris, beaucoup grandi, beaucoup mûri.

Loin de moi l’idée de décourager quiconque de se lancer, je souhaitais uniquement partager les réflexions qui m’ont accompagnées tout au long de cette année et qui, je l’espère, pourront vous aider si vous avez, vous aussi, le projet de vous lancer à votre compte.

Je crois sincèrement qu’il est très important de prendre du recul sur ce que l’on voit sur les réseaux sociaux à ce sujet, surtout lorsque l’on est dans le milieu du développement personnel. Beaucoup de choses sont dites, sans réel fondement, qui peuvent malheureusement créer beaucoup de faux espoirs, de désillusions et de déceptions.

J’espère que cet article vous a plu, et qu’il aura pu vous apporter quelques pistes de réflexions. Si c’est le cas, n’hésitez pas à me laisser un joli commentaire et à le partager à quelqu’un qui en aurait besoin!

À la semaine prochaine,

Florine

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