Après 7 ans en couple : j’apprends à être seule
J’ai peu parlé de ma rupture. Je crois à vrai dire que je ne suis pas encore prête. Je n’ai pas assez de recul, pas assez retenu les apprentissages ni assimilé les leçons.
Je n’ai pas non plus envie d’étaler les raisons, en tout cas pas maintenant. Peut-être parce que cette fois-ci, ce n’est pas que de moi dont il s’agit. Son intimité passe avant mon article. De toute façon, nous n’avions juste plus la même vision. De la vie, du futur, de l’avenir.
Mais j’ai envie de parler de ce qu’elle a entraîné. De ce que je dois apprendre, aujourd’hui. Pas parce que j’en ai profondément envie, mais parce que je n’ai pas le choix.
Je suis profondément persuadée que lorsque l’on ne retient pas une leçon, on nous la fait comprendre dans la douleur. C’est ce qu’il se passe aujourd’hui.
Alors voilà, depuis quelques semaines désormais, je me suis retrouvée seule. Célibataire. Ce mot qui dans ma tête sonne comme un gros mot. Après 7 années en couple, je n’ai plus de pilier. Plus de pilier amoureux, en tout cas.
Je suis consciente qu’il y en d’autres. Néanmoins, mes relations amoureuses ont toujours été au centre, personnellement.
Un élément clé, central, de mon quotidien, de ma vie en général. C’était à lui que j’envoyais un message le matin, c’était avec lui que je voulais partir en vacances, c’était avec lui que je passais presque chacune de mes soirées.
Ça fait drôle, de se retrouver sans. De se retrouver seule, face à soi-même. J’ai beau savoir que c’est une bonne chose, que c’est même un pré-requis pour être bien avec les autres, ça reste théorique. Je suis consciente que c’est important de savoir passer du temps seule, et arriver à l’apprécier.
Mais c’est compliqué. Parce qu’en pratique, dès que c’est le cas, je me sens paniquer. Je sens mon cœur qui s’accélère, et mes pensées tourner sans cesse : « que vais je faire? » « je vais m’ennuyer », « ce serait tellement mieux avec mon mec », « j’aimerai tellement partager ce moment »…
C’est comme un réflexe. Un mécanisme, ancré, qui a du mal à s’effacer. Je sens mon corps se sentir en insécurité. C’est comme s’il devait réagir à un danger.
Mais il faut, justement, que je lui démontre que c’est possible d’être seule et se sentir en sécurité. Alors depuis quelques semaines, le week-end, je passe du temps seule. Je fais des excursions, seule. Je me fais des soirées, seule. Je fais des activités, seule. Déjà parce que je n’ai pas envie de rester dans mon lit toute la journée, mais aussi pour montrer à mon cerveau que tout va bien. Que ça peut être cool, que ça peut être fun, de faire ces choses-là seule.
Pour être honnête, je crois qu’une partie de moi se dit toujours, dans ces moments-là, « qu’est-ce que j’aimerai tellement le partager avec quelqu’un ».
Je ne sais pas si c’est normal, je ne sais pas si l’être humain est fait pour aimer partager de beaux moments avec les gens qu’il aime. Je ne sais pas si cette envie partira. Je crois profondément que certaines personnes ne se disent pas cela. Qu’elles arrivent à adorer le fait d’être seules, et de ne pas forcément vouloir le partager. Si j’y arrive, je vous en parlerai. Mais dire que j’y suis déjà, serait mentir, pour de vrai.
Pour certaines personnes, c’est facile de se retrouver seule. Pour d’autres, c’est un vrai challenge. Je fais partie de cette seconde catégorie. C’est encore un travail, chaque week-end, de trouver ce que je vais faire. De faire quelque chose qui me plaise, pour apprécier ces moments seule.
Et je pars de loin, très loin.
À 20 ans, lorsque mon copain partait le week-end et que je me retrouvais seule, j’angoissais. Je me mettais à trembler, à pleurer. Je contactais toutes les personnes que je connaissais, pour trouver quelque chose à faire, désespérément, avec quelqu’un. Meme si je n’avais pas envie de sortir, même si je n’avais pas envie d’aller voir cette expo. J’y allais, je me pliais à ce que la personne qui acceptait de partager quelques instants avec moi souhaitait faire. C’est triste, quand j’y pense. Tout, plutôt qu’être seule.
En 7 ans, j’ai évolué. Mais ce n’est toujours pas ça. Je sens encore des miettes de douleur, de stress, de peur. De me retrouver seule. Personnellement, je ne crois pas qu’il y ait grand chose à faire, grand chose à « travailler ». Je crois que la meilleure chose à faire, est d’essayer de passer du bon temps avec moi-même. Je sais que c’est comme ça, petit à petit, que ça se calmera. Pour devenir ma normalité.
Je sais qu’un jour, je me réveillerai et ce sera ma réalité. Plus de stress, plus de pincement au cœur, plus d’envie de partager ces moments. Et là, je saurai. Mais il faut du temps. Du temps que le corps intègre ces changements.
Je ne crois pas au fait que tout puisse changer d’un coup, du jour au lendemain. Ça fait plus de 10 ans, que je n’aime pas être seule. Ça ne va pas changer en une séance d’hypnose, je n’y crois pas. En revanche, à force de petits pas, je suis intimement convaincue que oui.
C’est drôle aussi, comme je fais des activités différentes quand je suis seule. Quand je suis en couple, je m’adapte. Je m’adapte à ce que l’autre souhaite faire. Mais quand je suis seule, il n’y a plus ça. Je ne peux plus suivre. Pourtant c’est pratique. Ne pas prendre de décision, se laisser porter.
Là, lorsque je me retrouve seule le week-end, je dois réfléchir et décider de ce que je souhaite faire. Ce dont j’ai envie, ce dont j’ai besoin. Et souvent, c’est différent de ce que je faisais, avant. J’aime partir avec ma voiture aménagée et dormir, dehors, face aux montagnes. J’aime prendre mon carnet et mon thé, et partir, voir les couleurs d’automne sur le lac. J’aime regarder un film romantique avec un bon petit plat.
Je crois que se retrouver seule permet de se redécouvrir. Pour quelqu’un de malléable, comme moi, en tout cas. J’avoue avoir peur, avoir peur de reproduire les mêmes erreurs quand je retrouverai quelqu’un. M’adapter, encore. Ne plus faire les choses que j’aime.
Est-ce normal, d’arrêter de faire les choses que l’on faisait seule quand on rencontre quelqu’un ?
Est-ce normal, que nos envies changent ?
Que l’on se dise « peu importe, tant qu’on est ensemble ? ».
Vous dire que c’est facile serait mentir. Vous écrire de beaux discours sur l’amour de soi serait une supercherie. Non. C’est parfois difficile, c’est parfois douloureux.
Mais ce sont tous ces petits moments, seule, où je me sens pleinement heureuse, qui me montrent que je tiens le bon bout. Qui me montrent que c’est possible, et que je m’en rapproche, un peu chaque jour. À chaque activité seule, à chaque sortie seule.
Et ces instants de bonheur sont si forts, dans ces moments-là. Parce que je sais ce qu’ils signifient.
C’est incroyable, la sensation de se sentir bien, seule. D’aimer passer du temps, avec soi-même. C’est différent, quand on le partage. Ces sensations, ce sont elles ma récompense. Un sentiment de gratitude, de joie, d’épanouissement, de reconnaissance. Un sentiment de liberté, aussi : pouvoir faire ce que j’aime, quand je le souhaite. La liberté est totale, seule. Il n’y a pas les contraintes des autres. Il n’y a pas les envies des autres.
Seulement soi. Et je crois que c’est ça, qui peut être effrayant et enivrant. Faire face à cette étendue de possibilités.
On entend beaucoup cette phrase : « Il faut s’aimer soi avant de pouvoir être avec quelqu’un ». Je vois beaucoup de gens réagir à cela, en disant que c’est n’importe quoi. Je crois que ma réponse est entre les deux.
Je ne crois pas qu’il faille s’aimer avant de pouvoir s’engager dans une relation, non. Je crois qu’on peut apprendre à s’aimer, en étant avec quelqu’un. Je crois que le couple est un vecteur d’apprentissages, énorme. Ce serait horrible, d’attendre de s’aimer complètement pour s’autoriser à être en couple.
Parce que je crois que l’on ne s’aime jamais vraiment totalement. Je crois qu’il y a des moments dans lesquels on s’aime, d’autres dans lesquels on s’aime moins. Je ne crois pas que ce soit linéaire.
En revanche, je crois profondément que s’aimer permet de construire une relation amoureuse saine. Hors de toute dépendance. C’est un sujet que je n’ai encore jamais abordé. Pendant des années, j’ai été dans la dépendance de mes partenaires. Honnêtement, je crois que je le suis encore. Juste moins.
Je crois que s’aimer permet de choisir quelqu’un de bien pour nous, qui nous correspond, qui respecte nos besoins, qui nous tire vers le haut. Qui nous aime à notre juste valeur. Mais encore faut-il la connaître.
Et je crois que justement, ça passe par l’amour de soi. Ca passe par le fait de savoir ce que l’on aime, ce que l’on veut, et l’assumer devant notre partenaire.
Personnellement, c’est ce que j’apprends encore à faire.
J’espère que ces mots auront pu résonner et planter une graine, si ça vous a parlé.
À mardi pour un prochain article !
Florine