Traverser la tristesse

Est ce que vous aussi, c’est un sentiment que vous avez longtemps réprimé, évité, mis sous le tapis? 

Est ce que vous aussi, c’est un sentiment tellement horrible à ressentir quand il arrive?

Qui vous serre la gorge et vous noue les tripes ? 

Un sentiment tellement plus facile à ne pas vivre. 

Pendant des années, je l’ai bloqué. Je l’ai nié. Comme s’il n’existait pas. 

Je me convainquais moi-même : « tu es une personne joyeuse », « tu es toujours de bonne humeur », « tu dois être toujours souriante ». 

Et les autres, autour, me le confirmaient. Encore aujourd’hui, lorsque je demande de me décrire en quelques mots, optimiste, solaire, joyeuse sont ceux qui reviennent le plus souvent. 

Le plus dur, c’est que quand on commence à s’enfermer dans cette version de soi, c’est encore plus difficile d’en sortir. De montrer qu’on est triste, que tout ne va pas. D’arriver un jour, au travail, et de ne pas avoir le moral. 

Alors c’est là, que les gens - autour, ne comprennent pas : « mais tu es toujours joyeuse normalement », « reste positive, tu es tellement plus belle quand tu n’es pas négative ». 

Je crois en réalité qu’ils me renvoient exactement ce que je n’arrive pas à accepter chez moi : être mal, être triste et l’assumer face au monde. Ne pas être la fille joyeuse, la fille souriante, la fille qui donne le smile. Mais au contraire être celle qui plombe le moral. 

Je trouve ça difficile, personnellement, de savoir qu’être à mes côtés n’est parfois pas une partie de plaisir. Que je puisse être désagréable, négative, être un poids. J’aime tellement m’accrocher au fait d’être constamment la gentille fille, agréable et docile. C’est tellement plus simple, de s’aimer dans ces circonstances-là. De se trouver géniale. Et pourtant, je crois que ce n’est même pas le cas. 

Pourtant, je suis persuadée que ma libération se trouve de l’autre côté. De celui où je pourrai me regarder et m’aimer dans mon désespoir, dans ma tristesse, dans ma mélancolie. De celui où je pourrai crier au monde qu’aujourd’hui, ça ne va pas. 

Mais ça signifie, déjà, de la vivre. De vivre ce torrent, cette vague de douleur qui m’emporte et me mène le large. Cette impression de me faire balancer de tous les côtés. D’être submergée par des flots de souffrance. Un couteau dans le cœur, je crois que c’est ça, l’image la plus parlante. Celle qui représente le mieux cette tristesse que je ressens, de plus en plus intensément. 

À chaque fois qu’elle arrive, je me demande, constamment, comment l’être humain peut arriver à survivre. Comment fait-on pour toujours arriver à sortir la tête de l’eau. À voir le bout du tunnel, à voir la lumière, tout au bout. Parce que quand on navigue en pleine tristesse, c’est si noir. C’est si froid. Et c’est si vide à la fois. Je pourrai exploser mon crâne. Ce serait moins douloureux, je crois. 

Et pourtant. Dans ces moments, quelque chose me retient, tout le temps. Une once de foi. Quelque chose qui me rappelle qu’après la tempête, vient le calme. Ce n’est pas qu’une expression, je crois. 

Mais le plus dur n’est pas de s’accrocher en attendant que la tempête passe. Non. C’est, à l’inverse, de se laisser emporter par elle. De se laisser submerger par la tristesse, par la douleur, par la souffrance. De la laisser nous traverser et nous poignarder de tous les côtés. Sans rien dire, sans rien faire. Juste attendre. Attendre que ça passe. Et c’est seulement après, que vient la délivrance. C’est en tout cas comme ça, que je le ressens. 

C’était un article un peu différent aujourd’hui. Je sortais d’une période difficile et j’ai écris ces mots en quelques minutes, un matin dans le train, en allant au travail. J’ai voulu revenir dessus, après, pour le peaufiner, pour le développer, mais je n’y suis pas arrivée. J’avais l’impression de gâcher le message que mon âme avait voulu exprimer ce matin-là. C’était un moment de flow, durant lequel l’inspiration était arrivée sans prévenir. Alors j’ai préféré le laisser tel quel. J’espère que ces mots vous toucheront, vous parleront, résonneront. Les poser par écrit est en tout cas ma thérapie.

À mardi pour un nouvel article,
Florine

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