Je me suis trompée de rêve

Ça vous est déjà arrivé, à vous aussi, d’être déçue lorsque votre rêve se réalise enfin?

De vous rendre compte que, tout compte fait, ce n’était pas ça dont vous rêviez? Que vous aviez une image faussée de ce que ce serait?

De vous répéter pendant des mois qu’une fois que vous l’aurez, vous serez épanouie, heureuse, comblée. À idéaliser ce moment où, enfin, votre objectif serait atteint. Pourtant, quand ça se présente enfin, vous ressentez une pointe de déception. Parce que ce n’est pas aussi fort, aussi beau que ce que vous l’aviez imaginé.

Ca semblait si prometteur, pourtant.

Il y a 2 ans, j’ai décidé de quitter le droit pour devenir thérapeute. Après avoir rêvé pendant des années d’être une avocate reconnue et respectée, j’avais désormais un nouveau rêve : accompagner, aider, transformer la vie celles et ceux qui croiseraient ma route.

J’ai tout mis en œuvre pour le réaliser. Je me suis formée, à l’hypnose d’abord, puis au breathwork, à l’énergétique, au bain sonore, et j’en passe. J’ai dépensé beaucoup d’argent, pour ce rêve. Je suis rentrée à Toulouse et j’ai pris un emploi alimentaire, le temps d’une année. Je n’ai jamais vu ça comme un sacrifice, mais comme un moyen pour arriver à mes fins. Pour réaliser ce rêve d’être, un jour, thérapeute.

Le chemin n’a pas été facile pour autant. Il m’a fallu justifier, auprès des autres, ce revirement. Quel était le sens à tout cela, pourquoi ces longues études de droit, pourquoi cet intérêt naissant pour les gens. Les moqueries de certains collègues, les interrogations de la famille, les appellations de « charlatan » à tout bout de champs. J’ai tenu, pourtant. Parce que j’y croyais, parce que j’étais déterminée, parce que réaliser mon rêve me semblait plus important que tout le reste (et parce que j’avais, aussi, beaucoup de soutien de mes proches).

Je crois qu’on change soi-même, quand on a un nouveau rêve. On se découvre une nouvelle peau, une nouvelle identité. Inévitablement, l’on en vient à mettre fin à des relations qui n’ont désormais plus de sens. Combien d’amies j’ai perdu, suite à ce changement. Naturellement, en douceur, mais douloureusement. Ma relation amoureuse, elle aussi, s’est terminée. C’est tout un univers qui s’effondre, un univers qui désormais n’a plus de sens. C’est comme une petite mort, finalement.

C’est difficile, déjà, à assumer. De s’accepter, de se regarder soi, de cette nouvelle façon-là. C’est difficile, de laisser couler le changement à travers soi. De renaître sous une nouvelle peau. L’on dit souvent qu’on peut devenir qui l’on veut en l’espace d’un instant, à tout moment. Mais je crois que le plus dur, dans cette mutation, c’est de la crier au monde. D’être face à nos proches, nos collègues, nos connaissances, en leur présentant cette nouvelle version. Car dans leur regard, dans leurs yeux, je crois qu’on est encore cette personne d’avant. Figés dans le passé, dans le temps.

Souvent, ce sont les autres qui nous rappellent « qui on était avant ». « Tu as changé », « tu n’étais pas comme ça avant », « tu pars en vrille, ce n’est qu’une phase », « tu as besoin de temps pour te trouver ». Alors que justement, on s’est trouvé. À chaque masque enlevé, chaque peur apaisée, chaque croyance explosée, on se rapproche un peu plus de qui l’on est.

Et puis, en juillet dernier, ça y est, je me lançais. Ce rêve que j’avais tant imaginé - thérapeute. Chaque jour, aider, faire quelque chose qui a du sens, quelque chose qui me plaît. J’avais supprimé mes CV de mon ordinateur, fermé mon profil LinkedIn, en me disant « ca y est, c’est fini, tu es à ton compte désormais ». J’étais si persuadée d’être alignée.

J’ai mis du temps, beaucoup de temps, à me l’avouer. Il y avait quelque chose qui clochait. Je n’étais pas autant motivée que je l’avais imaginé. Je n’étais pas aussi épanouie que je l’espérais. J’essayais, tant bien que mal, de retrouver le goût de l’effort, de travailler mon énergie comme on l’entend souvent dire. J’ai fait du yoga, j’ai suivi une thérapie, j’ai pris du temps pour moi. Mais ce n’était pas ça, au fond, qui bloquait. C’était sous mes yeux, évident, mais trop dur à avouer.

Comment aurais je pu admettre que je m’étais trompée? Comment avouer, devant ceux qui m’attendaient au tournant, que ce n’était pas ça finalement? Comment leur donner raison?

Comment justifier ce changement, toutes ces formations, tout cet argent, pour rien finalement?

Et surtout, comment trouver un nouveau rêve, maintenant?

Ce n’est pas qu’un rêve que j’ai perdu, mais une partie de moi. Une partie que j’avais projetée, idéalisée. Je pensais m’être enfin trouvée. C’est toute une vie, que l’on projette, quand on rêve. J’avais déjà imaginé la pièce de ma maison dans laquelle je recevrai les clients, j’avais déjà imaginé les différents voyages que je ferai l’été quand il y a moins de demandes, j’avais déjà imaginé les différents programmes que je lancerai avec le temps. J’avais essayé de tout contrôler, de tout penser. J’avais l’impression, comme ça, d’avoir un avenir tout tracé.

J’avais tout imaginé, sauf le fait d’être profondément désalignée. D’avoir la profonde sensation de ne pas être au bon endroit. D’être plus motivée pour créer du contenu que pour recevoir mes clients. Ça, je ne l’avais pas anticipé. La claque, je n’aurai même pas pu l’imaginer.

Alors petit à petit, j’essaye de me créer un nouveau rêve. De trouver la prochaine étape, la prochaine version de moi-même à faire sortir de terre. Car je sais qu’il y en a une, tapis dans l’ombre, qui attend. Une encore plus proche de qui je suis vraiment, au fond.

À toutes et à tous, j’espère que ces mots vous auront parler. Qu’ils vous donneront la liberté de laisser émerger ces nouvelles identités, et de rêver. Malgré les déceptions, malgré les remises en question.

À la semaine prochaine pour un nouvel article!

Florine

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