Je détestais les films de Noël, vous aussi?
C’est la période des fêtes. Sur Netflix, ma page est inondée de films de Noël, romantiques au possible.
Jusque-là, je n’avais jamais voulu en regarder. Quel intérêt, je me disais. À part me gêner. À part me rendre triste. Me montrer ce que je n’ai pas, là, juste sous mon nez (pourtant, je l’avais, en réalité).
À quoi bon regarder une histoire joyeuse ? Pour quoi faire ?
C’est vraiment ça qui ressortait : quel intérêt.
Je voulais regarder des films d’action, de science-fiction. Un film qui me fasse ressentir ce waouh. Qui me fasse penser à autre chose. Quand j’y pense, qu’était-ce, ce « autre chose » ?
Si je regardais des comédies romantiques, j’avais l’impression d’être culcul, d’être le cliché de la fille, celle qui admire l’amour et attend, patiemment, son prince charmant. Je ne voulais pas être ça. Alors je regardais des films d’action, uniquement.
Ça m’a pris du temps, de me réconcilier avec tout ça. D’accepter mes sentiments. De regarder un film romantique jusqu’au bout, sans être gênée. C’est encore difficile, aujourd’hui. À chaque scène d’amour, je me sens me crisper. Je détourne le regard, comme embarrassée. Pourtant, il n’y a rien de gênant, dans le fait de regarder deux personnes tomber amoureuses. Se tourner autour. Mais pour moi, c’est un supplice de regarder ça. Moins qu’avant, mais toujours un peu.
Aujourd’hui, je comprends de plus en plus l’intérêt des films romantiques. C’est se plonger dans l’amour, dans la joie. Et s’il y a une partie triste, elle passe. C’est le reflet de nos relations humaines, amoureuses. Il y a des moments de joie intense, et de tristesse profonde.
C’est drôle, comme je n’acceptais pas d’être témoin du bonheur des autres. Même sur un écran.
C’est drôle, comme je ne voyais pas l’intérêt de regarder une belle histoire d’amour. De voir deux personnes se tourner autour, tomber amoureuses et fonder quelque chose.
Qu’est-ce que ça veut dire de moi ? De ma difficulté à me réjouir pour les autres ? De mon incapacité à ne serait-ce que regarder l’amour en face ?
Ça ne devrait pas être gênant, ça devrait être beau.
Ça ne devrait pas être chiant, ça devrait être ressourçant.
C’est fou, comme j’avais du mal, même durant mon temps libre, à poser mon cerveau et regarder quelque chose de positif. Je préférais le drame, l’action, la guerre. Tout sauf l’amour.
Je crois que c’est plus ou moins la même chose, avec les musiques tristes.
Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais écouté de musique triste. Je ne comprenais pas l’intérêt.
« Pourquoi vouloir être triste ? » « Pourquoi vouloir se plomber le moral ? ». Je me posais ces questions-là. Je me répétais sans cesse que ces personnes devaient être dépressives, tristes, pour vouloir écouter cela.
Pourtant, je voyais bien que non. Je les voyais lancer la musique et se laisser transporter par le son, chanter, danser. Avec une forme de douceur, de bonheur.
Je ne comprenais pas.
C’était hors de tout ce que j’avais connu jusque là. Hors de ma vision de la vie. Hors de ma vision du monde. Être heureux, à tout prix.
J’ai mis 26 ans à écouter ma première playlist triste. « Sad songs », voilà le titre. Celle sur laquelle je n’avais jamais osé appuyer. Et puis un jour, ne sachant plus quoi écouter, je l’ai lancé.
J’ai compris que ces musiques, en réalité, ne me rendaient pas vraiment triste. C’est moi-même, qui l’était. Mais qui refusais de le voir. Parce que c’est plus simple d’accepter d’être joyeuse. Moins de se savoir au fond du trou, et de s’y voir.
Ça m’a aidé à accepter mon état, à être alignée avec ce que je ressentais, au plus profond de moi. Pourquoi se forcer à écouter des musiques joyeuses si, au fond, on se sent si mal. Je crois qu’on ne dupe personne, en faisant ça. Même pas soi.
J’ai trouvé une forme de bonheur et de douceur, à écouter ces musiques. À accepter cette tristesse qui envahit. Ce mélange, c’est ce que j’appelle la mélancolie. Être heureux d’être triste. Être heureux d’être nostalgique. Regarder par la fenêtre du train, voir les paysages défiler et se sentir partir.
C’est différent de la souffrance et de la douleur. Dans ces moments-là, seul le silence me parle. Non, là, c’est plus doux, plus calme.
À mardi prochain!
Florine